Portrait de femme – Juliette JIMENEZ – Fondatrice de Rue des Lilas Paris, Marque de lingerie éco-responsable pour toutes
Bonjour,
Je m’appelle Juliette, j’ai 27 ans, je suis originaire de Bordeaux ! J’ai fait des études de droit puis de commerce, je me destinais à être RH ou chasseuse de tête. J’ai d’ailleurs travaillé pendant deux ans en cdi dans un cabinet de recrutement à Paris.
Mais il y a trois ans j’ai eu des problèmes de santé, qui m’ont conduite à me faire opérer, et dont l’opération m’a laissée une cicatrice importante au dessus du pubis (une cicatrice type césarienne d’ailleurs). C’est elle qui m’a poussé à remettre en question mon rapport à la lingerie, toutes les culottes sexy que j’avais m’étaient totalement inconfortables désormais, et j’étais à l’aise uniquement dans les caleçons de mon copain de l’époque ou dans des dessous pas très glamour… Et je me suis rendue compte que ce choix on y faisait toutes face : soit des sous-vêtements jolis, sexys, soit des sous-vêtements confortables, mais les deux ensembles, c’est très rare. Et c’est comme ça que j’ai eu envie de créer mes propres modèles qui combineraient les deux, et donc ma marque de lingerie à moi, inspirée de mon histoire. Donc je suis arrivée à l’entrepreneuriat sans compétences particulières dans le domaine, mais en partant d’un besoin personnel, saupoudré d’une envie de donner du sens à ma vie et mon métier, forcément comme souvent après une épreuve de la vie, on remet en question ce qu’on fait et ce qu’on a envie de faire de nos journées.
Les droits des femmes ça a toujours été mon combat. J’ai grandi avec une maman féministe qui me l’a inculqué depuis l’enfance, j’ai toujours été très engagée pour défendre l’égalité homme-femmes, et les droits des femmes. A travers Rue des Lilas, j’ai aussi eu envie de créer de la lingerie qui puisse aider les femmes à leur redonner confiance en elle, ou à booster la confiance qu’elles ont déjà, à assumer leur corps, leurs formes, leur singularité. Moi même j’ai pas mal posé en photos avec mes sous-vêtements et mes cicatrices, comme pour servir de « modèle » et leur dire « regardez on s’en fou » : ton corps, tes singularités, tes cicatrices… personne n’a rien à dire dessus, ça t’appartient, et c’est magnifique, peu importe ce que tu as vécu ou ce que tu en penses.. Et j’en ai fait ma propre thérapie grâce à ça, ça m’a vraiment aidé personnellement dans mon rapport au corps. Et c’est un de mes gros leviers de motivation, de me dire que si j’ai pu aider, ne serait-ce qu’une femme à se sentir mieux, alors je sais pourquoi je fais tout ça.
Et la protection de la planète. J’étais pendant longtemps une grande amatrice de shopping et de fast fashion… Maintenant, ça fait quelques années que j’ai eu un déclic et que j’ai pris conscience de l’impact de tout ça sur l’environnement, maintenant je n’achète plus neuf, quasiment que de la seconde main et je fais vraiment attention à ne plus surconsommer inutilement. Mais c’est vrai que la lingerie ça s’achète peu (voire pas du tout) de seconde main, donc je me suis dit c’est ok de créer une marque et d’en produire, en revanche, je veux autant que possible utiliser des matériaux déjà produits ou recyclés, et faire attention à limiter mon empreinte carbone : j’ai trouvé un atelier de production au Portugal, je source mes matières premières en Europe maximum, elles sont recyclées, naturelles, biologiques ou certifiées. C’est aussi au coeur de mon projet, je suis convaincue que la mode de demain peut être (et doit être même!) plus responsable et plus durable. Il faut consommer différemment!
Je me sens tellement alignée entre mes valeurs personnelles et professionnelles, j’ai vraiment crée la marque autour de ça, c’était hyper important pour moi! Je fais tout pour que ça se ressente un maximum dans l’ADN de la marque et sa communication.
Evidemment j’ai eu des angoisses en créant la marque, parce que je suis jeune et parce que je suis une femme, donc je n’ai pas été prise au sérieux tout de suite (même par mes proches…), et c’est forcément moins confortable que la vie que j’avais en cdi avec un salaire stable chaque mois, une sécurité de l’emploi etc, donc c’est clair que ça fait peur, parce que c’est une prise de risque, et que c’est beaucoup de travail pour des résultats qui ne se voient pas de suite. Mais j’aime tellement ce que je fais! Franchement maintenant ça fait un an, et je n’ai même plus l’impression de travailler tellement j’adore mon quotidien. Bien sur c’est aussi plein de défis, c’est la peur de ne jamais réussir à se rémunérer correctement, c’est la peur de ne pas plaire, la peur que ça ne fonctionne pas, la peur du regard des autres, le syndrome de l’imposteur…
L’entrepreneuriat c’est les montagnes russes, une semaine hyper positive avec plein de bonnes nouvelles peut être suivie d’une semaine de doutes hyper intenses avec l’envie de tout lâcher…..
Mais les retours que j’ai eu des personnes qui ont acheté ma première collection m’ont tellement boostée que j’essaie de m’en souvenir dans les moments plus compliqués, c’est trop agréable de voir des personnes porter ma lingerie, me dire qu’elle est confortable, qu’elle est belle, qu’elles se sentent bien dedans, c’est tout ce pourquoi je travaille autant, ça me pousse à continuer clairement !!
Je pense que le succès c’est de réussir (ou de pouvoir) à faire ce qu’on aime et ce qui nous plait ! C’est bateau mais personnellement je considérerais toujours plus gratifiant de faire un métier dans lequel je m’épanouis, et qui m’apporte personnellement, humainement et professionnellement, plus que financièrement. Evidemment je suis lucide, et je sais bien que réussir à en vivre un minimum est important pour que ça dure de façon pérenne, mais moi je trouve que le vrai succès c’est le sens que tu trouves dans ton travail, le sentiment d’être utile ! Je pense que j’appartiens en plus à une génération pour laquelle c’est d’autant plus important.
Et les conseils que je donnerais à une femme qui hésite à se lancer, c’est de foncer! Parfois il faut oser sans trop se poser de questions ni chercher trop de réponse, garder une part d’insouciance, ou de naïveté volontaire, pour ne pas aller se polluer ou se faire paralyser par tous les risques éventuels ou scénarios catastrophes, et avancer avec le fameux « essaye et on verra! ». L’entrepreneuriat c’est vraiment incroyable, créer son idée, son projet, partir de 0 et tout faire soi même, quoi de plus excitant ? Evidemment il y aura des moments difficiles, et c’est important de bien s’entourer pour être épaulée dans les moments plus compliqués, mais sinon c’est tellement d’apprentissages. Et je pense que c’est ce qu’il faut retenir! Que même si finalement ça ne fonctionne pas, ça aurait été tellement formateur qu’on en ressort forcément grandi !
Juliette JIMENEZ – Fondatrice de Rue des Lilas Paris